On ne m’aurait pas offert ce livre, je ne l’aurais jamais lu parce que j’ai testé une fois Binet (pour La Septième fonction du langage) et je doutais que ce n’était pas pour moi. Confirmation est faite.
Les Vikings, vers l’an mille, quittent leur territoire pour conquérir le sud et y apporter leurs « inventions » : fer, chevaux et anticorps. En 1492, Christophe Colomb met bien le pied en Amérique mais c’est un fiasco, il est fait prisonnier et a tout juste le temps d’apprendre les rudiments de castillan à une petite fille, Higuénamota, avant de mourir. Quelques années plus tard, un prince inca, Atahualpa, afin de fuir son ennemi de frère va traverser l’océan Atlantique pour arriver au Portugal. « allons voir d’où vient le soleil ! » Accompagné d’Higuénamota qui va être son interprète, il va découvrir la ville de Lisbonne en feu après le célèbre tremblement de terre qui laisse les habitants hébétés et misérables. La religion des « hommes tondus » qui vénèrent un « homme cloué sur une croix » intriguent les Quiténiens mais ne les empêche nullement de conquérir une Europe déstabilisée et boiteuse.
Je n’ai pas réussi à aller jusqu’au bout ! J’ai tout de même lu une bonne moitié et feuilleté la fin. D’abord, je me suis parfois ennuyée lors de cette lecture pourtant variée (entre le genre de la correspondance, celui du journal, du récit de voyage, entre autres… le roman termine sur un récit de Cervantès que je n’ai pas lu) mais j’ai surtout été agacée de ne pas saisir toutes les références. Binet pastiche allégrement donc si tu ne maîtrises pas à fond l’Inquisition ou la mort de Charles Quint et que tu sens qu’il y a un truc sans doute drôle et subtil à saisir mais qu’il t’échappe, c’est très frustrant. Enfin, une fois le postulat de départ admis (ce sont les Indiens qui découvrent l’Europe), le reste, bah bouff buf… tout est inversé, quoi ! Je ne suis pas conçue pour lire Laurent Binet, je n’aime pas non plus l’entendre parler, il faut que je l’accepte, c’est tout. Attention, c’est très intelligent, sans aucun doute bien documenté et ça plaira à certains, surtout les férus d’Histoire. Bien sûr que j’ai apprécié de nombreux passages, les références à Voltaire, Montaigne ou encore Montesquieu mais je trouve que l’ensemble aurait gagné à être plus simple et plus humble.
Christophe Colomb, à quelques jours de sa mort, n’est plus « qu’un bouffon juste bon à divertir sa fille. »
Les conflits de religion : « Les Quiténiens comprenaient qu’il se jouait quelque chose de grave ici autour de différents groupes de croyances, les juifs et les conversos, les morisques mahométisants, les luthériens, les vieux et les nouveaux chrétiens. Ils ne saisissaient pas exactement ce qui était en jeu derrière ces histoires de dieu cloué et de cuisine au lard mais ils savaient que les Levantins prenaient tout ça très à cœur, comme la cérémonie des bûchers l’avait prouvé amplement. »