1. L’étoile qui danse.
Qu’il me tardait de retrouver Manu Larcenet ! quelles retrouvailles !
Après une longue période de gloire internationale et de succès inégalable, Manu Larcenet se retrouve comme deux ronds de flan, sans idées, sans inspiration, sans coup de génie, un artiste fini, quoi. Il dépérit forcément… jusqu’à ce qu’on lui souffle cette phrase de Nietzsche :"Il faut avoir du chaos en soi pour enfanter une étoile qui danse". Son cerveau se met à carburer, il pense aux hommes préhistoriques, n'étaient-ils pas lassés de ne dessiner que des "mammouths laineux" sur les murs de leur grotte? Et les hommes de la Renaissance et leur muse... belle accompagnatrice ou boulet à porter? Manu est à la recherche de l'idée du siècle mais il doute, se cherche, hésite, paresse beaucoup, mange encore plus, culpabilise, interroge sa famille qui ne lui est d'aucun secours...
Empli d’ironie, d’auto-dérision, de 24ème degré, cet album fait sourire à chaque page… mais si encore il n’y avait que cela ! Les dessins sont de toute beauté, originaux et surprenants, ils mêlent différents styles et genres : faux articles de journaux, dessins à la Fabcaro, croquis de tableaux célèbres. Les nuances de couleurs, la finesse du trait font de chaque planche un spectacle qu’on lit puis qu’on admire. Ou qu’on admire puis lit. Rajoutons encore que Larcenet nous balaye avec virtuosité différentes époques, nous parle de Léonard de Vinci, se brouille avec Cézanne, imite Snoopy ; des passés artistiques qu’il revisite à sa sauce dans la joie ou dans la bonne humeur. M’enfin, il ne faudrait pas dire ça, parce que Larcenet, les joyeux drilles, il ne les aime pas trop et craint qu’ils envahissent la planète sous peu. Vous l’aurez deviné, c’est pour moi un COUP DE CŒUR ! J’ai retrouvé le Larcenet que j’aime tant, celui du Retour à la terre, merci à lui ! Et la suite existe déjà, elle est pas belle la vie ?
« un esprit vain dans un corps gras. »
A propos des muses : « Si c’est Dieu qui se tape tout le boulot et qu’il faut juste illustrer, j’ose poser la question : où est l’exploit ? De toute façon, aujourd’hui, la question ne se pose plus… Comme Dieu est en fuite, il faut se débrouiller tout seul. C’est vachement dur.»