Ni prologue, ni préliminaires, le lecteur est placé d’emblée face au cadavre de Palomino Molero : « pendu et embroché sur le vieux caroubier », la scène est un charnier ; l’homme a été torturé et mutilé avant d’être crucifié. Le lieutenant Silva mène l’enquête accompagné du narrateur, le gendarme Silva. Palomino était un chanteur de boléro et un guitariste apprécié. Rapidement, les flics se rendent compte que tout tourne autour de la caserne d’aviateurs dirigée par le colonel Mindreau. Palomino, le métis, aurait-il eu une liaison avec une Blanche, femme d’officier ? fille d’officier ? Le mari ou le père se serait-il vengé ? Le crime reste abject et le colonel envoie balader les enquêteurs. Si le lieutenant Silva se laisse souvent distraire par les formes généreuses d’une tenancière d’un café, si le narrateur a du mal à imposer son avis et ses idées à cause de son manque d’expérience, l’enquête avance quand même, ralentie par les non-dits et la justice péruvienne à deux vitesses.
Persuadée d’avoir déjà lu cet auteur péruvien, je n’en ai pas trouvé trace (peut-être lors des mes cours d’espagnol au lycée ?) Toujours est-il que j’ai beaucoup aimé ce petit roman policier qui ne se contente pas de faire grossir le suspens mais nous emmène aussi dans un Pérou caniculaire, raciste, hypocrite où les « gros bonnets » font leur loi. J’ai aussi apprécié ce gendarme un peu couard et rêveur qui devance, dans sa tête uniquement, les questions de son chef lors des interrogatoires. Entre mer et rues poussiéreuses, ce récit concis parfois drôle, satirique, rend malgré tout les personnages attachants. Excellente découverte que je dois encore au challenge latino-américain d’Inganmic et Goran. 3ème lecture et il devrait même y avoir une petite dernière avant la fin du mois.
Mario Vargas Llosa a eu obtenu le prix Nobel de Littérature en 2010.
Le genre de phrases qui suffit à faire mon bonheur : « Dehors le soleil cognait impitoyablement. Il n’était que huit heures et quart, et pourtant il faisait une chaleur de midi. Dans la clarté aveuglante, les choses et les personnes semblaient à tout moment sur le point de se dissoudre. »
« Putains de Blancs, ce qu’ils sont compliqués. »