Deux frères grandissent aux Etats-Unis entre les désirs irréalisables d’un père et une mère déprimée, lassée des promesses non tenues de son mari. Les deux garçons ne perdent pas leur fierté pour autant. Entre l’école à la maison et de grandes quantités de romans et d’encyclopédies avalées, la construction de cabanes, d’igloos ou de karts, la rivalité entre eux et les autres enfants du village fait rage. Les enfants sabotent des engins de chantier, fouillent les poubelles pour récupérer ce qui fera leur nouvelle petite automobile. Ils se vantent d’être les meilleurs, essayent d’y croire jusqu’au bout et de garder la tête haute. Eux, contrairement aux adultes, font, sont actifs, avancent.
Dans ce récit autobiographique, Yvon Roy nous fait comprendre à quel point l’enfance peut être violente. A travers les non-dits des parents, la rivalité entre les jeunes, les excès de confiance en soi, l’amour qu’on devine sans le comprendre, la notion de péché si effrayante. Et pourtant, les garçons sont cocasses, curieux et autodidactes dans un monde qui les a comme abandonnés. Le narrateur, le plus jeune des frères, nous offre cette image d’enfants d’une autre époque, toujours dehors, en train de vivre des films d’aventures qu’ils se sont créés de toutes pièces et des histoires qu’ils s’inventent. Il n’y pas ni jugement ni jérémiades mais sans doute un brin de nostalgie. Une lecture bien agréable aux dessins élégants, en noir et blanc.
J’avais déjà apprécié Les petites victoires qui m’avait davantage bouleversée. Yvon Roy est décidément un auteur à suivre.