En juillet 1976, après la dernière récolte de safran… Alexandre vit dans une ferme isolée dans une vallée du Lot, avec ses parents et ses trois sœurs. Alors que les filles projettent très tôt de rejoindre la ville, Alexandre a décidé de reprendre la ferme des parents. L’engouement pour Mammouth et la société de consommation ont démarré et on installe des lignes téléphoniques même dans les endroits les plus reculés. Les années passent, les filles s’émancipent en rejoignant les grandes villes, Alexandre reste à la ferme mais rencontre la jolie Constanze, une Allemande qui s’émerveille de
Tellement conquise par la lecture de Chien-loup, je me réjouissais d’entrer encore une fois dans l’univers de Joncour. La lecture a été très agréable, cette plongée en arrière, pour un lecteur qui a vécu ces années 80 puis 90 a été empreinte de douceur et de nostalgie même si on ne peut que cerner les méfaits et les erreurs de cette période (Joncour ne fait pas une ode au passé non plus). Tchernobyl, l’Erika, la vache folle, le mur de Berlin, tout y passe. Cette chronique d’une longue période allant de la canicule de 1976 à la tempête de décembre 1999, vue depuis le monde paysan, rend les protagonistes attachants et l’endroit lui-même, personnage à part entière, est doté d’un charme fou. Je n’ai pas ressenti le même emballement que pour Chien-loup mais j’ai quitté endroit et personnages à regret. L’écriture m’a encore une fois séduite, j’ai aimé retrouver mon « fond de rusticité enfouie » et Serge Joncour est un excellent conteur ; la nature lui va si bien !
(Petite question : Serge Joncour serait-il fâché avec les virgules ?)
« Le progrès, c’est comme une machine, ça nous broie. »
« En pénétrant dans la vieille bicoque, Alexandre se fit immédiatement rattraper par l’odeur, un mélange de paille et de tabac froid, une odeur de terre exaltée par la fraîcheur du sol. Dans le fond cette odeur il l’aimait bien, c’était le parfum d’un antre intemporel, une odeur qui existait depuis des siècles et dont on se débarrassait aujourd’hui en mettant du carrelage partout, on carrelait même les chèvreries, et les ateliers devenaient des laboratoires à fromage. »