Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
22 octobre 2020 4 22 /10 /octobre /2020 10:19

Afficher l’image source

            Ils sont quatre. Frères et sœur complices face à une mère bigote et un père indifférent. Mabel est l’épicurienne qui prend du plaisir là où elle le trouve, insolemment ; Luc, malgré son esprit de simplet sait faire preuve d’une grande sensibilité ; Marc est l’amoureux des livres et Matthieu le passionné de nature. Dans un endroit où la nature sauvage cohabite difficilement avec la centrale électrique qui nourrit presque tous les hommes de la région mais les dévore aussi, Joyce règne. C’est un être tyrannique qui a fait baptiser toutes les rues de la ville à son nom, qui a, à son service, des molosses dociles qui sèment la terreur. Mabel quitte la maison familiale et se retrouve serveuse à L’Amiral que fréquente son père Martin. Martin commence tout doucement à se réveiller de sa léthargie grâce à Gobbo, un ancien marin épris de justice. Matthieu, lui, n’hésite pas à utiliser la manière forte pour faire taire les braconniers et Marc découvre l’amour pour la première fois.

J’ai beaucoup aimé ce roman et quitté avec regret ces personnages si attachants. On pourrait peut-être reprocher à l’auteur de verser dans le cliché mais l’ensemble est si délicieusement enrobé dans ce cadre naturel qu’on se croit parfois dans un conte pour adultes bigrement réussi. Un nain et un géant comptent parmi les sbires de Joyce, on pourrait reconnaître une princesse en danger et une autre, plus hardie et plus courageuse, qui saura se débrouiller sans vaillant chevalier. L’image des quatre jeunes suspendus à une corde au-dessus de la rivière et accrochés au viaduc va sans aucun doute me rester. Promène sur tous ces personnages, le regard du sage, Elie le grand-père, un ancien ouvrier de la centrale qui y a perdu une jambe. Plus j’en parle, plus je suis convaincue d’aimer profondément ce livre dont l’écriture est si belle.

Deuxième découverte de l’écrivain pour moi après Plateau que j’ai moins apprécié.

« Dans la forêt, la source de la vie était précisément la mort de tout. Elle se nommait humus, un lit dans lequel naissaient d’innombrables racines, s’enfonçant, chevauchant, butant, contournant, perforant ; un lit dans lequel vadrouillaient les formes primales, disparaissant en profondeur, au fur et à mesure que l’oxygène venait à manquer ; un lit dans lequel la méticuleuse et opiniâtre décomposition de la mort conduisait à la vie ; un lit dans lequel se réveiller et s’endormir. »

Marc est amoureux de Julie et se projette : « Ils renverraient le commun dans les limbes pour faire surgir l’unique. La promesse des peaux. Ce serait ainsi. Le reste serait affaire de soleils éparpillés dans la nuit. Le reste serait leur affaire. Le lendemain serait ainsi. »

Partager cet article
Repost0

commentaires

A
J'avais aimé Plateau, et son précédent, mais celui-ci m'était tombé des mains.
Répondre
S
@Violette : s'il croise ma route je le lirai. J'ai beaucoup aimé "né d'aucune femme".
Répondre
M
Je n'ai lu de cet auteur que née d'aucune femme et je ne sais pas encore si je vais continuer à le lire..
Répondre
M
Lecture à venir et il me tarde de retrouver l'univers de Franck Bouysse que j'apprécie tant! :)
Répondre
J
Comme Ingannmic, je vais d'abord me concentrer sur Né d'aucune femme.
Répondre
G
C'est fou ce que l'on parle de cet auteur partout depuis cette rentrée littéraire. Je commencerai avec Née d'aucune femme, que j'ai dans ma PAL audio !
Répondre
K
Ça me fait plaisir que tu l'aies aimé !
Répondre
I
Je l'ai noté, les avis à son sujet sont très tentants, et j'ai aimé les titres que j'ai lus de cet auteur,malgré un léger bémol pour Plateau et Grossir le ciel (un certain excès de lyrisme, par moments). Mais avant celui-ci, je vais lire Né d'aucune femme, qui a l'avantage d'être sorti en poche.
Répondre
D
Le titre de ce roman est très attirant, et ton avis donne envie de lire ce roman, dont je ne connaissais pas du tout l'auteur.
Répondre
A
Ton commentaire pointe du doigt des qualités mais aussi deux des défauts qui m'ont agacée dans Né d'aucune femme, l'aspect conte pour adultes qui mène à des personnages types, et la tendance aux clichés. J'ai pourtant beaucoup aimé certains titres plus anciens de cet auteur.
Répondre
A
Cet auteur a vraiment le vent en poupe. Il faudra que je le lise un jour par curiosité. Son Né d'aucune femme m'intrigue particulièrement.
Répondre
Z
Ah oui, "Né d'aucune femme" que j'attends encore à la bib !! et Bien pourquoi pas celui-ci aussi !
Répondre
D
Coucou, <br /> j'ai aimé l'auteur dans "Né d'aucune femme" et celui ci m'attire ne serait ce que pour son titre, Buveurs de vent !<br /> Bisous
Répondre
E
je suis tombée sous le charme de Franck Bouysse avec "Grossir le ciel" et coup de cœur pour "Né d'aucune femme" alors j'ai rajouté illico celui-ci à ma PAL... Le sujet me plaît.<br /> Je trouve aussi que cette rentrée littéraire est très riche par rapport aux années précédentes :-)
Répondre
A
Encore un que j'ai mis au programme, en cette rentrée fort riche :-)
Répondre