C’est dans le cadre de mon boulot au collège que j’ai découvert qu’avant la pièce Rhinocéros, une nouvelle portant le même titre avait été écrite.
« Rhinocéros » commence ainsi : « Nous discutions tranquillement de choses et d’autres, à la terrasse du café, mon ami Jean et moi, lorsque nous aperçûmes, sur le trottoir d’en face, énorme, puissant, soufflant bruyamment, fonçant droit devant lui, frôlant les étalages, un rhinocéros. » La suite, vous la connaissez sans doute : après l’étonnement initial, tous les habitants de la ville finissent par se métamorphoser en rhinocéros, seul le narrateur résiste … mais jusqu’à quand ?
La 2ème nouvelle, « Oriflamme » surprend également dès son incipit : un couple « héberge » un mort depuis 10 ans. C’est un homme de passage qui a eu une liaison avec Madeleine que le narrateur a tué. Le cadavre est intact mais il grandit chaque jour un peu et, au bout de dix ans, il faudrait s’en débarrasser. Mais le mort va manquer au couple, ses yeux « tels deux phares, d’une lumière froide, blanche » éclairaient toute la pièce. La fin de la nouvelle est de toute beauté puisque la barbe du mort se déploie en parachute et emporte le narrateur avec lui.
La 3ème nouvelle, « La photo du colonel » se veut plus policière. Dans une ville parfaite où ne vivent que des gens aisés sous un parfait soleil, un mystérieux tueur en série sévit. On connaît son mode de fonctionnement mais il n’est jamais inquiété. Le narrateur le côtoie naïvement, sans se méfier.
Il ne faut pas parler d’absurde mais d’« insolite » chez Ionesco. Merci à lui de nous sortir du commun, du réaliste et de l’ordinaire. Ces trois nouvelles sont une réussite et traduisent le pessimisme de l’auteur vis-à-vis de la condition humaine (et il n’a pas tort). Les hommes sont petits et soumis à une fatalité qui les dépasse, contre laquelle ils n’ont pas la force de vaincre. Amis de l’optimisme, bonsoir !