Après Marina Bellezza et D’acier qui furent des lectures plus que plaisantes, il me tardait de retrouver cette plume italienne.
Adèle est une jeune fille de dix-sept ans qui vit seule avec sa petite sœur et sa maman débordée et grosse fumeuse dans ce quartier misérable de Bologne. Elles vivent ou plutôt survivent dans un petit appartement car les fins de mois sont difficiles. Adèle se retrouve enceinte de Manuel, le gars intelligent qu’elle aime mais qui file du mauvais coton.
Dora essaye de tomber enceinte depuis des années. Au bord de la rupture avec son mari Fabio pour cette raison, elle songe enfin à adopter.
Zeno n’habite pas loin d’Adèle et cela fait des années qu’il l’épie, qu’il écrit en l’observant.
Ces personnages vont se croiser, s’affronter, s’aimer, se haïr dans une Italie défaillante et colorée. S’il m’est difficile de résumer ce roman dense, foisonnant et virevoltant, c’est que la narration elle-même, faite de digressions, de retours en arrière, m’a parfois fait cogiter. Ce serait le seul bémol que j’aurais à formuler. Le roman est très beau, passionnant et bouleversant, étouffant aussi parfois, avec juste ce qu’il faut de tension pour apprécier retrouver ces personnages attachants. Je commence à repérer les thèmes de prédilection de l’écrivaine : la figure du père, raté et plutôt absent ; la tentation de la drogue, de l’alcool ; ce milieu social défavorisé mais grouillant de vie ; ce désir d’évasion, d’ailleurs, de meilleur. Dans ce livre-là, les thèmes de la maternité et de l’adoption sont un atout supplémentaire, très fort. Mention spéciale pour Zeno, cet être « parfait », altruiste et érudit, amoureux des livres. Je suis d’accord avec la quatrième de couverture (cette fois-ci) : « Avec un souffle prodigieux et une écriture incandescente, Silvia Avallone compose un roman poignant sur la maternité et la jeunesse italienne écartelée entre précarité et espoir. »
Si je devais établir un classement, Marina Bellazza garderait sa 1ère place mais je crois que La vie parfaite m’a plus fait vibrer encore que D’acier.
« Son corps construisait un autre corps. Il terminait en ce moment les quatre cavités d’un cœur. Devant Jessica et Zeno qui la considéraient avec étonnement, elle se pelotonna dans un coin du canapé, comme une perle dans sa coquille, et s’endormit. »
« la douleur ne rend pas meilleur »