Au Nigeria, dans le village ibo d’Umuofia, la vie suit son cours habituel entre les fêtes, les deuils, les naissances, les mariages, les rituels et les croyances ancestrales. Okonkwo est le fils d’un homme paresseux et insouciant et depuis son plus jeune âge, il s’est juré d’être son exact opposé. Une fois adulte, il devient effectivement un homme puissant et craint, un guerrier redoutable et un père d’une famille nombreuse, entouré de ses trois épouses. La cruauté n’est pas exempte du quotidien, on tue facilement ; les jumeaux sont, par exemple, exclus de cette société et abandonnés, dès leur naissance dans la forêt. Mais lorsque Okonkwo tue accidentellement un jeune homme, il est banni du village et contraint à s’exiler sept ans durant. A la fin de ce terme, un autre danger guette le peuple tout entier, des missionnaires sont venus construire des églises, enseigner lecture et écriture et prêcher la bonne parole. Coutumes et croyances sont mis à mal, certains villageois rejoignant les Blancs. Les résistants sont vite matés et on assiste à la destruction et l’anéantissement de toute une civilisation.
La langue est belle, les faits sont racontés simplement et sans jugement ; le lecteur se fera sa propre opinion de l’arrivée de cette horde de Blancs qui, telle un immense essaim destructeur, avale goulûment tout sur son passage. Chinua Achebe fait partie des écrivains africains les plus lus et, selon Nelson Mandela, un « auteur en compagnie duquel les murs de prison s’écroulaient ». Une lecture marquante indispensable, à transmettre.
L’arrivée du premier Blanc : « Il montait un cheval de fer. Les premiers qui l’ont vu se sont sauvés, mais il a continué à leur faire des signes. Les anciens sont allés consulter leur oracle, qui leur a dit que cet homme étrange allait briser leu clan et semer la destruction chez eux. »
Le début de la fin : « Les épouses d’Iguedo ne se réunirent pas dans leur enclos secret pour apprendre une nouvelle danse qu’elles présenteraient ensuite au village. Les jeunes hommes, qui étaient toujours dehors les nuits de pleine lune, restèrent dans leurs cases. On n’entendit pas leurs voix viriles sur les chemins tandis qu’ils allaient voir leurs amis et leurs amoureuses. Umuofia était comme une bête surprise qui sent la menace et, les oreilles dressées, cherche de quel côté s’enfuir. »