Simone est une petite fille issue d’une famille bourgeoise parisienne. Née en 1908, elle se distingue par son fort caractère et ses indocilités lui attirent souvent la colère de sa mère, si stricte et conservatrice. Très tôt, la fillette se révolte contre cette éducation sclérosante qui consiste pour une fille à apprendre à tricoter, coudre, broder et tenir une maison. Mère et enseignante lui confisquent les romans qui lui font de l’œil. Adolescente, elle perd la foi et rencontre Zaza, celle qui deviendra son amie même si les deux filles n’ont pas toujours la même vision de la vie. De plus en plus émancipée, guidée par son cousin Jacques, Simone entre à la Sorbonne où elle rencontre Jean-Paul Sartre surnommé le « gnome » et se laisse séduire par son élégance, sa culture, son discours.
Résumer Mémoires d’une jeune fille rangée, un tel roman brillantissime, en quelques dizaines de planches de BD, le pari était audacieux et risqué. Il est réussi dans le sens où les dessins reflètent fidèlement les personnages de l’autobiographie et l’atmosphère de la première moitié du XXème siècle. J’ai particulièrement apprécié la mère dont l’image s’étiole au fil des pages, la relation entre Zaza et Simone, la rencontre explosive entre Sartre et Beauvoir. Le choix du noir et blanc cédant une grande place au gris est tout à fait justifié et pertinent mais je suis restée frustrée par l’absence de certains passages de la vie de Simone, ses réflexions qu’on pouvait évidemment difficilement retranscrire dans leur totalité. L’album demeure cependant une très bonne première approche de cette femme fascinante.
A noter que chaque chapitre s’ouvre sur une citation de Simone de Beauvoir. Celle-ci est extraite de La Force de l’âge : « Je n’avais pas été une petite fille particulièrement gâtée ; mais les circonstances avaient favorisé en moi l’éclosion d’une multitude de désirs ; mes études, ma vie de famille m’obligèrent à les juguler. Ils n’en explosèrent qu’avec plus de violence et rien ne me sembla plus urgent que de les apaiser. »