Je poursuis encore ma découverte des auteurs cubains. Contrairement à Zoé Valdès et Karla Suarez, cet écrivain-là n’a pas fui son île mais il habite à La Havane, totalement anonyme car pas du tout médiatisé…
Mario Conde est un ancien flic devenu vendeur de livres. Il sonne souvent au hasard aux belles maisons cossues la plupart du temps laissées dans un piteux état. Ce jour-là, il a de la chance : les deux occupants lui montrent une bibliothèque qui regroupe des dizaines et des dizaines de titres rares et précieux. Dans cette mine d’or, Conde trouve un vieil article de journal glissé dans les pages d’un livre de recettes. Il s’agit d’une coupure de presse de 1960 annonçant la fin de carrière de Violeta del Rio, une célèbre chanteuse de boléros et vedette de cabaret, aussi belle que talentueuse. Conde, quatre décennies plus tard, du haut de ses 47 ans, se sent attiré par la jeune femme et cherche à en savoir plus. Sa mort mystérieuse serait-elle liée à cette impressionnante bibliothèque ?
Pour vous donner une idée du style et de l’atmosphère de ce passionnant roman, j’ai pensé à Carnaval de Ray Celestin mais aussi à l’univers mystérieux d’un Carlos Ruiz-Zafon (qui est passé aux oubliettes, non ?) ou encore à la plume noire et crue d’un James Ellroy. Oui, c’est tout ça à la fois : un roman passionnant, foisonnant, une photographie de La Havane pendant la Crise, des personnages envoûtants, une intrigue bien menée et des digressions très pertinentes.
Bilan de cette brève incursion dans la littérature cubaine : un coup de foudre pour les trois auteurs Zoé Valdès, Karla Suarez et Leonardo Padura (il faut dire que j’ai pris mon temps pour les choisir) ! Je suis ravie !
« Depuis les années 20, La Havane était la ville de la musique, de la jouissance à n’importe quelle heure, de l’alcool à tous les coins de rue et ça faisait vivre beaucoup de gens, non seulement des maestros comme moi. »
« combien de choses on nous a enlevées, interdites, refusées durant des années pour atteindre plus vite un bel avenir et pour que nous soyons meilleurs ? »
« Il ouvrit le livre avec délectation, comme on écarte les cuisses d’une femme conquise par amour, pour s’extasier et s’approprier ses parfums secrets et ses couleurs les plus profondes. Il ferma les yeux et respira : du papier, légèrement foncé par les nombreuses années, suintait une vapeur de vieillesse orgueilleuse. »