Avec de tels auteurs, je ne pouvais qu’être appâtée !
Le personnage principal, qui n’est autre que François Morel ado, est amoureux. D’Isabelle Samain. Cette fille qui l’ignore le hante jour et nuit. Il se met à faire du tennis comme elle, à nager parce qu’elle va souvent à la piscine. Il la suit, la vénère, l’épie, la guette, l’admire, l'adule. Se convainc de lui parler, il écoute les copains et essaye de faire de l’humour ; et puis échoue à chaque fois. Il se maudit d’être aussi pleutre et timide, se détend en appelant la boucherie du quartier en faisant des blagues de potache. Il grave son nom sur l’abribus, tente très brièvement de mettre fin à ses jours quand il voit Isabelle avec un autre garçon. Il est obsédé par le sexe et par la « première fois » parce qu’il n’a pas encore franchi le cap. Et puis, un jour enfin, Isabelle s’intéresse à lui…
Je ne suis ni dans sa tête ni dans son corps mais je sens bien pour mon fils de 13 ans qu’une révolution s’opère en lui, entre les hormones qui déferlent, le changement de voix, les relations de plus en plus ambiguës avec les filles, c’est une période compliquée. Cet album a donc beaucoup résonné et m’a rappelé des souvenirs également. L’amour -à l’adolescence surtout- prend vite des allures d’obsession, de monomanie, de montagne à dimension hyperbolique. François Morel traite le sujet avec simplicité, humour mais aussi beaucoup de tendresse et de délicatesse. Rabaté nous plonge complètement dans ces années Giscard avec ses couleurs rétro te dédouble très justement ce personnage en proie au mal-être, entortillé dans un corps en mutation. Une jolie adaptation d’un récit autobiographique de François Morel.