Yue Kiang est un Chinois qui travaille pour une entreprise abattant les arbres au Congo. Il s’est trouvé une maîtresse africaine des plus jolies, Antoinette, et s’est également attaché à sa fille, Marie-Léontine. Mais Yue découvre un jour qu’Antoinette a été excisée, c’est une pratique très courante en Afrique que Yue ignorait. Pour Antoinette, il s’agit surtout d’éviter cette mutilation à sa fille. La BD est accompagnée d’un complément informatif : 200 millions de femmes ont subi une excision, 500000 en Europe ( !), 53000 en France ( !) ; il ne s’agit pas d’une pratique religieuse mais une tradition perpétuée par les femmes elles-mêmes.
Quel album bouleversant ! Tout en connaissant cette torture qui remonte à la nuit des temps, j’ai été très émue de lire cette histoire simple et débarrassée de tout pathos. C’est l’innocence d’une fillette qu’on tue, c’est la confiance familiale qui est ébranlée par cette coutume atroce. Quand on apprend qu’en Guinée, 95% des femmes ont été mutilées, 91% en Egypte, on peut se demander comment évoluent les mentalités et où est le progrès… Zidrou a su mettre des mots sur ces réalités barbares et Beuchot a excellé à transmettre, par un dessin simple, coloré et expressif, la douleur des femmes.
La grand-mère d’Antoinette : « Elle m’a dit que si je ne suivais pas la tradition, je ne trouverais jamais de mari. Elle m’avait promis de m’offrir une poupée si je ne pleurais pas. J’ai pleuré. J’ai hurlé. J’avais si mal ! »
Cet album est le 3ème d'une trilogie dont je n'ai lu que le premier opus, Le montreur d'histoires.