C’est désormais un rituel bien agréable : chaque mois de novembre paraît un formidable nouvel opus des Vieux fourneaux.
L’album démarre sur les chapeaux de roue : un mini-attentat est organisé devant l’ambassade de Suisse : le gang « Ni yeux ni maître » déploie un radeau gonflable et les vieillards déguisés en richards réclament l’asile fiscal, arguant que « nos profits valent plus que leurs vies ». Tout le monde se retrouve au commissariat. Ça tombe mal pour Pierrot parce que ses copains Mimile et Antoine ont débarqué à Paris le jour même pour assister à un match de rugby. Oui mais Antoine est pris en otage par sa petite-fille Sophie qui veut le confronter à son fils en confiant aux deux hommes la garde de la petite Juliette. Mimile, quant à lui, découvre un asile de réfugiés un peu particulier : géré par Fanfan la lente nonagénaire qui sait encore remuer ses fesses pour danser, il revêt des allures d’immeuble de haut standing. Le principe est simple : prêter de beaux costards aux réfugiés pour qu’ils soient plus facilement acceptés. Résultat : ça remue dans tous les sens ; cet univers plein de vie est surtout rempli d’espoir et d’excellentes intentions.
Alors que les auteurs se renouvellent sans cesse, moi je ne sais plus quoi dire pour encenser ce 5ème tome encore plus fantasque, délirant et émouvant que ses prédécesseurs. Ces vieux fripés ont une pêche et une lucidité exceptionnelles. Le thème des réfugiés –qui m’est cher- est superbement porté par une acuité indiscutable (« on est 500 millions de guignols en Europe, et on veut nous faire croire qu’on peut pas accueillir 1 million de pauvres gens ? ça fait même pas un par village ! ») et une bonne humeur communicative (Let’s dance a la cote !) Le coup d'estoc final donné par un Mimile qu'on pouvait croire devenu bobo est absolument hilarant et la dernière planche est à chialer d'émotions diverses, toutes finement mélangées.
Lire Les Vieux fourneaux permet de lutter contre la morosité, les clichés et l’ennui, assurément ! ça fonctionne parce que c’est à contre-courant du raisonnable, du bien-pensant et du politiquement correct. D’la balle !
« ce ne sont pas les étrangers qui font peur, ce sont les étrangers pauvres. »
« C’est spectaculaire en France : dès que tu portes une cravate, y a plus un flic qui te demander tes fafiots. »