Victor est un journaliste au chômage et un écrivain raté. Il possède une petite particularité puisqu’il a récupéré un pingouin d’un zoo qui n’en voulait plus. Micha se promène donc entre le salon et la cuisine de son petit appartement de Kiev, dévorant des poissons surgelés et dormant debout. Le patron d’un grand quotidien confie à Victor un boulot surprenant : écrire des nécrologies d’hommes pas encore décédés, qui ont tous commis des crimes et des délits plus ou moins graves dans leur vie. Ces biographies paraissent suspectes à leur auteur d’autant plus qu’il doit absolument y intégrer certaines données mais ... ça rapporte gros. Un ami policier, une fillette de quatre ans pour nouvelle colocataire, une nounou attirante, un pingouin très convoité, une datcha piégée, des limousines, voilà quelques-uns des ingrédients qui vont pimenter la vie de Victor.
Belle surprise que cet auteur ukrainien ! Le roman mêle le burlesque et le satirique, avec un pied dans le polar et un autre dans le genre de la chronique post-soviétique. Le récit est drôlement bien ficelé et nous tient en haleine jusqu’à la dernière ligne. Alors bien sûr il faut aimer les datchas, la vodka, les filatures, la mafia russe et les visites nocturnes mais j’ai tout apprécié dans ce roman qui m’a fait penser – animal insolite oblige – à éléphant de Martin Suter. S’il n’y a ici aucune dimension fantastique, il faut bien admettre qu’on nage dans l’étrange dans cet univers ukrainien où on entre dans les maisons la nuit sans toucher aux serrures, où un pingouin est très prisé pour les enterrements, où les sentiments sont des données accessoires. Cette plongée dans la mentalité post-soviétique teintée d’absurde m’a beaucoup plu !
« Les femmes renforcent le système nerveux des hommes. »
« Ce qui, auparavant, semblait monstrueux, était maintenant devenu quotidien, et les gens, pour éviter de trop s’inquiéter, l’avaient intégré comme une norme de vie, et poursuivaient leur existence. Car pour eux, comme pour Victor, l’essentiel était et demeurait de vivre, vire à tout prix. »
« Pas d’amour, mais ce n’était pas l’essentiel. Peut-être l’amour se gagnait-il aussi ? »