Hayley, 17 ans, part s’entraîner pour un tournoi de golf à quelques centaines de kilomètres de chez elle. Elle a le cœur en vrac parce qu’elle a surpris son petit ami dans les bras d’une autre la veille, lors d’une soirée alcoolisée. En panne dans le Kansas, elle trouve refuge dans une grande maison où la mère de famille, Norma, l’accueille bien volontiers. La voiture met du temps à être réparée, les deux femmes vont bien s’entendre, l’aîné de la famille, Graham, semble équilibré et désireux de prendre son envol. Tommy reluque ouvertement les jolies formes de Hayley. Et Cindy, la petite dernière aime bien jouer avec l’invitée. Tout ça va très vite tourner au cauchemar, Tommy ne pouvant retenir ses pulsions sexuelles et sa soif de sang (avec ce qu’il a vécu gamin, on pourrait presque lui pardonner !), Norma souhaitant protéger son fils avant tout… Se rajoutent à ces rencontres explosives des passés torturés, des amis qui n’en sont pas, de la drogue et de l’alcool. Cindy est là, au milieu de tous ces monstres, fillette muette et victime silencieuse.
Bon bon bon… Dire que je n’ai pas pris de plaisir à cette lecture serait mentir, elle est réellement addictive et prenante. Le style m’a tout de suite surprise, pas dans le bon sens, c’est assez plat et sans intérêt majeur. Les personnages sont bien décrits et tout à fait cohérents mais emplis d’une telle violence qu’elle constitue la marque de fabrique de l’auteur, semble-t-il. J’ai bien aimé cette immersion dans un Kansas monotone, clos et torride. Ni subtil ni raffiné, ce roman bestial, glauque et haletant pourra combler les non-lecteurs et les amateurs de sensations fortes. On pourrait même rajouter qu’une réflexion sur la résilience et une autre sur l’amour maternel enrichissent cette intrigue finalement parfaitement maîtrisée. J'ai évoqué Vann récemment, s'il fallait comparer, c'est tout de même -et de loin- Vann que je préfère.
La jeune femme se retrouve séquestrée par Norma : « Hayley tira sur la chaîne des menottes le plus fort qu’elle put, en dépit de la douleur insoutenable qu’elle ressentait aux poignets, avec l’impression que le métal commençait à cisailler sa chair. La chaîne ne cèderait pas. Et, bientôt, Hayley n’aurait plus assez de force pour simplement lever les bras. Mais elle réessaierait plus tard. Elle ne pouvait faire autrement, réessayer, encore et encore. » (un passage d’une douceur incroyable comparé à d’autres !)