Après avoir découvert le style épicé de Iain Levison avec Un petit boulot puis Ils savent tout de vous, j’ai préféré attendre de lire son dernier roman en découvrant ce roman sorti en 2009.
Une petite ville non loin de Pittsburgh, faite de suie, de crasse et d’ordures. Mitch bosse chez Accu-mart, une enseigne de grande distribution où il s’ennuie et tente de fumer discrètement mais très régulièrement de petits joints fournis par un collègue dealer. Kevin, marié à Linda et père d’une petite fille ,néglige l’une et l’autre et, après un détour par la case prison, gagne quelques sous en promenant des chiens. Doug, quant à lui, préfère la consommation de comprimés ; il vient de se faire virer de son boulot de cuistot dans un fast-food et commet la terrible erreur de coucher avec Linda. Les trois types sont potes et projettent de se faire un max de pognon. Forts de leur première réussite : le vol d’une télé, ils envisagent de subtiliser une Ferrari pour la revendre. Le plan tombe à l’eau : il a été facile de partir avec la voiture de luxe (sachez que le voiturier la laisse toujours ouverte et planque la clé sous le tapis de sol !) mais elle était équipée d’un Lojack, le dernier cri en matière d’antivol. Si la vente de petits comprimés marche bien, elle ne rapporte toujours pas suffisamment. Par contre, braquer un fourgon blindé occupé par un obèse et un vieux, en voilà une brillante idée !
Même si le roman est moins abouti que Un petit boulot, moins rythmé que Ils savent tout de vous, je me suis payé quelques bonnes tranches de rigolade en suivant ces trois loosers. On baigne dans une sorte de molle énergie, d’apathie assez dingue et de tonalité loufoque ponctuée de projets complètement tordus. Les mecs en question sont tournés en dérision mais c’est la société toute entière, du monde de la finance en passant par la justice, qui est salement égratignée. On rigole en souhaitant secrètement que le plan foireux de nos trois anti-héros fonctionne et on finit par devenir tout aussi amoral que l’auteur. Assez jubilatoire et relaxant !
Promeneur de chiens… le métier convient à Kevin : « Promener le chien offrait un ancrage dans ses journées devenues vides et sans intérêt, et il s’était attaché à l’animal. Max, le retriever, était merveilleusement simple, et il n’avait aucun besoin difficile à satisfaire, et il n’exprimait que la reconnaissance la plus sincère. Après sept ans d’un mariage qui se détériorait, c’était exactement le genre de relation que Kevin recherchait. »