Cela fait un moment que je voulais découvrir ce livre (et ce film). Une chose est sûre, je n’oublierai jamais cette histoire !
La Terre est dévastée, brûlée, morte, désertée. Pour on ne sait quelles raisons, une cendre recouvre les paysages désolés, faune et flore n’existent plus, le soleil ne brille plus jamais mais le froid, la neige, la pluie, les orages sont omniprésents. Les maisons ont été pillées depuis longtemps par les derniers survivants dont la plupart sont mauvais tout simplement parce qu’ils mangent de l’humain… Un père et son fils errent dans cet enfer, poussant un caddie avec leurs maigres biens, leurs pauvres trouvailles. Le premier encourage le deuxième, chacun à tour de rôle tombe malade, les deux sont dénutris, rachitiques, traversent ce gris sans vie, croisent des créatures momifiées, des squelettes de maison et souhaitent rejoindre la côte, le sud, dans l’espoir d’un monde plus vivant. Le père vit encore avec des souvenirs d’avant, cette image d’une femme aimée et aimante ; le garçon, lui, fait des cauchemars et a de plus en plus de mal à croire l’optimisme de son père.
Jamais un livre n’a aussi bien porté son nom, père et fils se cachant pour dormir, reviennent inexorablement sur cette route qui les conduirait vers un mieux. Lorsqu’ils arrivent à la fin de cette route, que vont-ils devenir ? Jamais je n’ai tourné aussi vite les pages d’un roman qui terrifie et fascine par son réalisme. Jamais je n’ai eu aussi peur en lisant. Jamais cette conviction, -notre Terre est si belle, si riche- n’a résonné avec autant de vigueur dans mon esprit. Ce roman post-apocalyptique tire sa force, et quelle force, de son minimalisme, de cette sobriété qui, alliée à une certaine poésie douloureuse, plonge très efficacement le lecteur dans cet univers glauque et métaphorique. J’aurais bien fait de cette lecture un coup de cœur mais elle m’a valu quelques insomnies (lire seule dans une maison qui craque, la nuit : mauvaise idée !) et l’absence totale de lueur m’a estomaquée. Ça n’en reste pas moins un très très grand roman qu’il faut avoir lu.
« Sur cette route il n’y a pas d’hommes du Verbe. Ils sont partis et m’ont laissé seul. Ils ont emporté le monde avec eux. Question : Quelle différence y a-t-il entre ne sera jamais et n’a jamais été ? L’obscurité de la lune invisible. Les nuits à peine un peu moins noires à présent. Le jour le soleil banni tourne autour de la terre comme une mère en deuil tenant une lampe. »
Fouillant des « ruines carbonisées de maisons » : « Tout était humide. En train de pourrir. Il trouva une bougie dans un tiroir. Pas moyen de l’allumer. Il la mit dans sa poche. Il sortir dans la lumière grise et s’arrêta et il vit l’espace d’un instant l’absolue vérité du monde. Le froid tournoyant sans répit autour de la terre intestat. L’implacable obscurité. Les chiens aveugles du soleil dans leur course. L’accablant vide noir de l’univers. »