Je connaissais suffisamment le travail de Rabaté pour savoir que cette lecture serait un plaisir, je ne me suis pas trompée, je dirais même que c’est un des meilleurs de l’auteur !
C’est l’heure du départ en vacances, sur la route, c’est bouchons, chansons dans la voiture, plein d’essence et attentes. Certains pensent qu’arriver en train, c’est mieux : « en voiture, tu rentres dans le paysage, en train tu l’accompagnes… » A Polovos, tout le monde est adepte de l’immense plage à forte marée. Si le père de famille s’est monté contre le chauffeur de 4x4 à la station essence, il copine avec lui sur le sable. Le tout bronzé va aller draguer la toute bronzée, les concours de châteaux de sable sont l’attraction du jour, les disputes concernant les courses vont bon train, le beach volley et les jolies filles créent rivalités et jalousies, la partie naturiste de la côte attire bien des regards. Rajoutons quelques éléments indispensables : épuisette, glace, rouleau de papier WC pour amateurs de camping, coups de soleil, magazines people, chiens, bouées, cartes postales, tourteaux, tatouages, avion publicitaire,…
Cet album ne raconte pas une histoire mais DES histoires. Il plonge au plus profond de l’être humain en vacances. C’est drôle parce qu’en vacances, l’être humain est encore un peu plus con que d’habitude, s’il ne fait la crêpe en plein cagnard, il chasse les belles poitrines, il critique son voisin, il redresse son énorme ventre, il effraie les goélands, il déjeune avec son casque de vélo sur la tête, il consacre toute sa force, toute son intelligence, tout son art et toute sa concentration à gagner une partie de pétanque, il se couvre le corps (imberbe ou tout poilu) de – au choix- crème solaire, sable, algues ! Portraits parfaitement ridicules de ce que nous sommes tous !
Sinon, de manière beaucoup plus optimiste, on peut lire cette BD comme un cliché des vacances qu’on aime tant et ça fait du bien, un beau ciel bleu, une plage à perte de vue, des coquillages et des éclaboussures d’océan à la fin du mois de novembre…
Les deux auteurs réunis étaient déjà très bons pour La Marie en plastique.
« 18/20 »