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13 octobre 2017 5 13 /10 /octobre /2017 13:10

 

 

           Maben, une jeune femme maigre de n’avoir pas assez mangé, marche le long d’une route de Louisiane. Sa petite fille de cinq ans l’accompagne, elles sillonnent les routes sous un soleil de plomb depuis des heures et des heures pour trouver de quoi manger et un peu de répit. Un vieux gars gentil les dépose à un relais routier et leur donne quelques sous. Maben s’octroie le grand luxe de prendre une chambre minable pour que sa fille Annalee puisse se reposer. Il ne reste que quelques dollars. La nuit, Maben observe deux prostituées par la fenêtre de sa chambre, elle se dit qu’elle pourrait, elle aussi, gagner de l’argent facilement. Elle sort et rejoint un camion dont le chauffeur n’attend que ça mais elle est interceptée par un flic véreux et pervers qui décide de profiter d’elle à l’abri des regards. En parallèle, Russell sort de prison après y avoir croupi onze ans. En arrivant dans sa ville, il se fait casser la figure par deux frères pour qui le châtiment carcéral n’a pas suffi. Russell rejoint son père qui l’attend depuis si longtemps, il fait passer le temps et il se débrouille maladroitement avec cette nouvelle liberté sur les bras. Le hasard -ou le destin- va rapprocher Maben et Russell.

         Ce roman, c’est l’histoire de deux âmes errantes qui se rencontrent, deux vies brisées que le destin a réunies. Un relent tragique parcourt ces pages mais sans jamais s’appesantir, sans tomber dans un pathétique qui pourrait agacer. L’écriture est à l’image du scénario : simple et efficace, point trop n’en faut pour toucher le lecteur et l’emmener dans cet univers poussiéreux, incandescent et sans merci. J’ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture, sur la quatrième de couverture, on la rapproche d’un Faulkner, d’un McCarthy, moi j’ai pensé au film Bagdad Café ou à l’univers de Jim Harrison ou encore à l'ambiance des Souris et des hommes de Steinbeck. C’est sombre sans être pessimiste, c’est empli de vide sans être creux, et puis on s’attache vite à ces deux personnages à la fois complexes et bouleversants. J’aurais pu en faire un coup de cœur si la fin ne comportait pas quelques petites gaucheries dont on se serait passé. Mais Michael Farris Smith est sans aucun doute un grand auteur à suivre (ce n’est que son deuxième roman) !

 

« Elle s’était rendu compte avec le temps que les mauvais coups, une fois que c’était parti, s’amoncelaient et proliféraient comme une espèce de plante grimpante sauvage et vénéneuse, un lierre qui courait tout le long des kilomètres et des années, depuis les visages brumeux qu’elle avait connus jusqu’aux frontières qu’elle avait franchies et à tout ce qu’avaient pu instiller en elle les inconnus croisés en chemin. Un lierre qui s’étendait et se ramifiait sans cesse, s’entortillait autour de ses chevilles et autour de ses cuisses et autour de sa poitrine et autour de sa gorge et de ses poignets et qui se faufilait entre ses jambes, et en regardant la fillette endormie avec son front brulé par le soleil et ses petits bras chétifs elle comprit que cette enfant n’était autre que sa propre main crasseuse qui tentait désespérément de s’extirper de cette masse grouillante de chiendent pour se raccrocher à quelque chose de bien. »

« Et les mots avaient donné un surcroît de réalité à quelque chose qui n’existait pas auparavant. »

 

Je remercie les Matchs de la Rentrée littéraire pour l'envoi de ce roman (j'ai choisi au hasard et je m'en félicite!)

 

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commentaires

L
Finalement, j'ai moins aimé que toi (j'ai plus de reproches concernant ce livre), mais je l'ai lu très vite et avec beaucoup de plaisir. C'est vrai que la fin est facile, mais l'auteur semble être un optimiste.
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V
je me demande si je ne suis pas en train de tomber amoureuse d'une certaine littérature américaine!
U
Je l'avais repéré pour sa couverture parce que je m'étais dit que perdue là, dans la pampa, ça ne devait pas être très drôle. Ils doivent l'avoir à la médiathèque.
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V
ce n'est pas drôle mais vraiment prenant. J'ai adoré ces deux âmes en perdition!
C
Ce que tu en dis me tente !
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V
mais tant mieux! C'est un (très) bon roman américain!
M
Heureux hasard ! Tentée par ce titre qui avait plu à monsieur... Reste à voir s'il peut me convaincre.
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V
je vais te dire : quelques semaines plus tard, le livre me poursuit encore. Et c'est assez rare finalement !
N
J’adore ces histoires de destins qui se croisent, de hasards nécessaires, de vies brisées qui cherchent à se reconstruire. J’ai déjà repéré ce livre que je lirai un jour, c’est certain…
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N
C'est gentil :-*
V
si c'était tout près de moi, je te le prêterais bien, tiens!
K
Tu donnes très envie de découvrir ce roman ! Quelles références !
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V
eh oui, ni plus ni moins:)
M
Oui ben évidemment en convoquant des références pareilles, c'est facile de nous donner envie de foncer sur ce roman ! ;-) Et nos PAL alors ?
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V
c'est peut-être tout personnel, mais c'est ma lecture préférée de ces dernier mois... La PAL, la PAL... c'est bientôt l'hiver, tu auras plus de temps?! ;))
E
Je le retiens , il pourrait me plaire malgré tes petits bémols sur la fin.
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V
avec un peu de recul, je confirme que j'ai adoré et je vais tenter de trouver le 1er roman de ce cher Farris Smith!
A
Aaah dommage pour le bémol de fin parce que je sens que ce roman aurait pu totalement me conquérir aussi. "C’est sombre sans être pessimiste, c’est empli de vide sans être creux, et puis on s’attache vite à ces deux personnages à la fois complexes et bouleversants." Aaah ça me donne envie n'empêche.
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V
rohhh, j'aime quand tu me cites:))) Comme je le disais plus haut, je peux dire, avec quelques jours de recul, que j'ai vraiment adoré cette ambiance, vraiment, vraiment !!!
A
Une lecture qui m'avait captivée.
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V
je vais lire ton billet!
M
Pas en ce moment mais pourquoi pas. Le noir me plaît dès lors qu'on ne tombe pas dans le pathos...
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V
ce n'est ni triste, ni déprimant, je ne suis pas loin de dire qu'il est lumineux ce roman... oui, fan je suis, je crois bien!
L
j'aime le côté sombre mais pas totalement désespéré et puis j'ai adoré "Bagdad Café"
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V
il faudra me dire ce que tu penses de cette lecture alors!
J
Dans ma pal celui-là. Pas de raison qu'il ne me plaise pas autant qu'il t'a plu.
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V
Hâte de lire ton avis !
E
il est déjà dans ma PAL, j'aime bien ce type d'histoire et j'ai adoré "Bagdad Café" que j'ai vu et revu!!!!
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V
j'espère ne pas te décevoir avec cette comparaison mais j'y ai vraiment retrouvé l'esprit de ce " desert road from Vegas to nowhere" !
M
Tentatrice ! Ton article fait mouche ;)
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V
:) tant mieux!
K
Ce que tu en dis me plaît et me donne envie de... le noter, dans un premier temps !
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V
je ne sais pas s'il peut ne pas plaire en tous cas, pour moi ça a fonctionné!
L
J'ai lu ton billet en diagonale parce que je l'ai reçu aussi. Je voulais me rassurer parce que j'ai lu un avis assez négatif qui m'a bien refroidie. J'espère être séduite moi aussi.
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V
j'ai été complètement emballée, je ne sais pas ce qui en restera dans quelques semaines mais ça m'a parlé! Hâte de savoir ce que tu en penses!
M
Je l'ai déjà noté et ce que tu en dis me conforte dans l'idée que j'ai bien fait ! Merci pour cette chronique...
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V
j'ai hâte de lire d'autres avis!
M
C’est une critique qui donne immédiatement envie de découvrir le roman. J’ai bien aimé l’ambiance de Bagdad Café et je me laisserai bien tenter par ce livre. Découvrir des personnes au destin tragique qui essaient de s’en sortir dans un pays tourné vers l’argent est un thème cher à certains auteurs américains et chez lesquels j’ai fait de belles découvertes, comme Steinbeck pour ne citer que lui.
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V
j'ai rectifié mon billet après avoir lu ton commentaire : tu m'as fait penser que ce roman est proche des Souris et des hommes par son ambiance, son style.
A
Chouette hasard ! Je guetterai ce roman en bibliothèque.
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V
je suis en effet assez fière de mon Pif Paf Poum ! :)))