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13 avril 2017 4 13 /04 /avril /2017 20:06

 

Résultat de recherche d'images pour "Kinderzimmer de Valentine Goby babel"

 

           Janvier 1944. Mila a été arrêtée et déportée au camp de concentration de Ravensbrück sous les lumières vives des projecteurs avec des aboiements et des hurlements en fond sonore. C’est un camp de femmes, un camp où on meurt de faim, de froid, de découragement, de fatigue. Mila n’a que vingt ans et elle est enceinte. Elle cache sa grossesse ce qui n’est pas très difficile puisqu’elle n’arrête plus de maigrir. Alors qu’elle voit mourir sa cousine Lisette qui l’avait accompagnée jusque là, elle accouche d’un bébé dans les conditions les plus atroces. Et découvre, par la même occasion, que son bébé n’est pas le seul du camp. Les maladies, nombreuses et variées déciment les êtres squelettiques et fantomatiques que sont devenues ces femmes mais aussi les bébés qui se transforment en petits vieillards au bout de quelques semaines. Entre la vie et la mort, c’est un pari futile avec elle-même qui maintiendra Mila en vie, mais ce sont aussi ses camarades de douleur qui l’aideront, surtout Teresa qui accepte d’emblée le rôle de sœur, de mère, d’amie, de protectrice. Elles dormiront lovées l’une contre l’autre toutes les nuits. Le temps se perd, les consciences s’épuisent, les cadavres se multiplient tout autour de Mila. Elle se bat, les femmes s’entraident, de petits actes de résistance les rendent plus fortes. Un jour, une lueur d’espoir prend force dans une ferme non loin de là. Et bientôt la fin d’un cauchemar qui, pourtant, marquera pour toujours Mila redevenue Suzanne Langlois, celle qui a encore le droit de vivre…

         Ce texte si magnifique et si bouleversant se lit d’un seul souffle car il y a urgence : urgence de savoir Mila vivante et combative, urgence de la maintenir en vie, urgence de croire encore en la vie. L’écriture, dépouillée mais belle, est au service de cette course à la survie. Certaines images me resteront longtemps en mémoire : ce bébé qui naît et qu’on nettoie, tant bien que mal, avec un reste de café, une femme qui se précipite sur les barbelés électriques, le bébé qu’on se passe de sein en sein dans l’espoir de le nourrir rien que d’une goutte… Je crois qu’il n’existe pas un témoignage « de trop » quand il s’agit de déportation. Chaque histoire vaut la peine d’être racontée. Celle-ci est peut-être encore plus poignante que les autres car elle touche à la naissance, au regain qu’on essaye d’étouffer. Valentine Goby réussit à rendre compte des atrocités des camps avec une justesse et une authenticité frappantes.

         Noukette a pensé qu’il était grandement temps pour moi de lire ce roman. Elle a bien raison, il est indispensable. Merci à toi, chère Noukette !

« Ne pas mourir avant la mort, se ternir debout dans l’intervalle mince entre le jour et la nuit, et personne ne sait quand elle viendra. Le travail d’humain est le même partout, à Paris, à Cracovie, à Tombouctou depuis la nuit des temps, et jusqu’à Ravensbrück. »

« Je t’ai dit, il n’y a pas de frontière entre le camp et le dehors. Tous les jours, tu fais ton choix : tu continues ou tu arrêtes. Tu vis, tu meurs. »

« La vie est une croyance. »

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commentaires

N
Une merveille ce Kinderzimmer, assurément...
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V
une merveille dans l'horreur, oui...
S
Une des lectures qui m'a le plus marquée !! C'est très fort.
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V
oh oui ! à faire lire autour de soi !
P
C'est un très joli billet que je découvre sur ton blog. J'avais noté ce livre sur ma PAL il y a déjà quelque temps. C'est important que ces moments tragiques de l'Histoire restent vivants grâce à la littérature.
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V
tout à fait, et surtout pour ne pas répéter les mêmes erreurs... ... !
V
Je suis bien d'accord avec Noukette, il était temps! Mais ce qui est bien avec la littérature, c'est qu'il n'est jamais trop tard.
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V
et puis parfois, quand sort un livre, on ne le sent pas,... il est bon d'attendre le bon moment!
K
Ah oui il est fort ce roman-là !
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V
à lire, à faire lire !
M
Ma chronique est programmée pour lundi 24...du coup j'ai mis un lien vers la tienne car si notre ressenti est identique tes extraits et ton résumé sont différents. Bises
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V
chouette, je viendrai lire ton avis avec grand plaisir! Merci !
M
Je viens de le lire figure-toi pendant les vacances et je n'ai pas encore écrit ma chronique aussi je reviendrai lire la tienne ensuite...mais j'imagine que comme moi, il t'a pris aux tripes...Bises
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M
J'avais été très émue par cette lecture ...
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V
et elle marque durablement, cette lecture...
M
Tu as écrit une très belle chronique !<br /> Je suis tentée par ce roman dont tu parles si bien
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V
Merci Mo'! Il est à lire, ce livre, même s'il est très poignant et bouleversant.
A
Impossible d'oublier ce roman. Il fait partie de ceux qui nous hantent.
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V
Oui, et ce n'est peut-être pas plus mal qu'il nous hante pour ne pas oublier... Et ne plus recommencer les mêmes conneries...
L
Quelle force, ce roman ! C'avait été un total coup de coeur pour moi. On ne peut en sortir indifférent !
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V
Ça c'est sûr ! L'écriture est belle, le contenu terrifiant !
C
J'ai lu Banquises que je n'avais pas trop apprécié. Mais je crois que je vais devoir réitérer mon contact avec Valentine Goby, après tout le bien que j'entends de ce roman...<br /> Bon week-end à toi
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V
Ne le prends pas comme un divertissement, il faut avoir les tripes bien accrochées. Mais lecture nécessaire, oui je pense bien !
N
Contente que la rencontre se soit enfin faite entre ce roman et toi...! Une évidence !
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V
Oui, une lecture inévitable, à mettre entre toutes les mains (adultes!) Merci encore !!!
S
Ce livre n'a pas été pour moi un coup de cœur. On en peut pas avoir un coup de cœur pour un tel sujet. Mais quelle claque ! J'ai découvert avec ce roman un aspect de la vie des camps auquel je n'avais jamais pensé. Après Primo Lévi, je pensais avoir lu ce qu'il y a de pire. Ce n'était pas le cas.
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V
Je suis totalement d'accord avec toi même si Primo Levi a été un plus grand choc encore pour moi. Ces lectures sont nécessaires, aujourd'hui plus que jamais :( !
A
Je vous rejoins : une lecture indispensable.
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V
elle donne une vision encore un peu différente de celle qu'on pouvait avoir des camps. Non moins effrayante !!!
E
Il m'attend bien sagement mais je n'ai pas encore passé le pas.... Une certaine appréhension de me lancer.
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V
J'étais comme toi, mais n'hésite plus !
M
Un livre inoubliable : le verbe « tenir » est, envers et contre tout, le fil rouge du roman. « Tenir, se rappeler du chien », sont les mots que j'ai retenu, le livre refermé, alors que la narratrice affirme également, 40 ans plus tard, qu’ « elle n’a pas oublié que le chien n'a pas mordu, que sa vie a tenu à cela, la vie tient à si peu de chose, à un pari. »
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V
oui, un fil tenu, l'idée qu'on peut s'en sortir dans cet enfer... La vie tient à si peu de chose... c'est encore plus foudroyant dans ce témoignage.
K
je résiste encore (j'ai lâché au moment du changement de prénom)
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V
ah bon?
L
Je suis donc bien la seule à avoir des réserves sur ce roman.n
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V
ah bon, lesquelles? Je vais essayer de retrouver ton billet !
A
Ah ce livre, a priori un incontournable, que des avis enthousiastes, mais pour l'instant, je n'arrive pas à me laisser tenter. Un jour sûrement.
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V
j'étais réticente aussi, heureusement que Noukette me l'a offert ;) Il vaut le coup d'être lu, vraiment, vraiment !

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