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27 février 2017 1 27 /02 /février /2017 12:20

 

 

              Gabriel est un petit garçon qui vit au Burundi avec sa mère originaire du Rwanda et son père qui a quitté, adolescent, les montagnes du Jura. Avec sa sœur Ana, Gaby mène une existence paisible au cœur d’un cocon douillet fait de jeux (parfois cruels), de disputes parentales, d’amitiés juvéniles. Une existence rythmée par une correspondance avec une jeune Orléanaise, des échos lointains de conflits rwandais et des rendez-vous quotidiens avec les copains du quartier dans l’épave d’un Combi Volkswagen. Cette enfance insouciante et joviale est brisée par la guerre, quand les copains veulent devenir des tueurs à leur tour, quand les cadavres jonchent la route, quand l’école est protégée comme un camp militaire, quand les membres de la famille commencent à tomber les uns après les autres, quand la mère de Gaby, rentre un jour à moitié folle d’avoir vu des tableaux d’horreur et de massacres. Il y a donc l’avant et l’après, l’époque heureuse et la période tragique, l’enfance et ce qu’on pourrait appeler la chute dans l’âge adulte.

           C’est un roman qui m’a touchée, j’ai trouvé certains passages magnifiques et particulièrement poignants. L’écriture est maîtrisée, le ton est toujours juste, l’ambiance africaine parfaitement retranscrite. Quand on sait que Gaël Faye est né au Burundi, pays qu’il a quitté, lui aussi, en 1995 après le début de la guerre civile, on se doute bien que l’écrivain a puisé dans ses souvenirs pour raconter sa fiction. Je comprends sans mal que les lycéens aient apprécié ce roman d’apprentissage taché de sang et de nostalgie. En sirotant une bière de banane (et en goûtant à ces cornets de termites frits !) parmi les cris de babouins, dans une chaleur sèche et nonchalante, on aimerait pouvoir traverser les rues de Bujumbura, entendre les rires des enfants, sans qu’ait jamais eu lieu ce conflit stupide entre Tutsis et Hutus.

 

« Pendant que tout le monde discutaillait, j’ai soudain reconnu Calixte dans la foule. Calixte, qui m’avait volé mon vélo… A peine ai-je eu le temps de donner l’alerte qu’il a détalé aussi vite qu’un mamba vert. La ville entière lui a couru après, comme on poursuit un poulet qu’on veut décapiter pour le déjeuner. Dans les provinces assoupies, rien de tel pour tuer le temps qu’un peu de sang à l’heure morte de midi. Justice populaire, c’est le nom que l’on donne au lynchage, ça a l’avantage de sonner civilisé. »

« A ces heures pâles de la nuit, les hommes disparaissent, il ne reste que le pays, qui se parle à lui-même. »

« Le génocide est une marée noire, ceux qui ne s’y sont pas noyés sont mazoutés à vie. »

Alors que ses copains consacrent leur énergie à se procurer grenades et kalachnikovs : « J’étais trop occupé ces temps-ci à rester un enfant. »

« Il faut se méfier des livres, ce sont des génies endormis. »

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commentaires

P
Je viens de le lire et il m'a beaucoup plu. Ce n'est pas un coup de coeur comme pour la plupart des lecteurs, mais une lecture plaisante, intéressante et émouvante par moments. Une belle écriture aussi, je trouve. Je me méfie souvent des gros succès, mais ce roman mérite ses récompenses.<br /> Bon dimanche.
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V
je suis tout à fait d'accord avec toi, ce n'était pas un coup de cœur non plus mais c'est un roman qui vaut vraiment le détour. A lire!
T
Je l'ai emprunté à la bibliothèque, j'ai hâte de le lire.
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V
et moi de lire ton avis!
S
Je le classe comme d'autres dans mes coups de coeur. Je vais avoir l'occasion de le relire prochainement en version audio car il est en lice pour le prix Audiolib, auquel je participe.
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V
je peux comprendre. J'ai lu pas mal de littérature d'Afrique noire, c'est pour cela que je n'en ai pas fait un coup de cœur.
H
Coup de coeur !
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V
je ne suis pas allée jusque là parce que j'avais déjà lu pas mal de littérature noire-africaine dans la jeunesse (^^) et il n'y avait pas l'attrait de la nouveauté pour moi. Même si ce petit roman a tout d'un Grand :)
A
Une lecture qui m'avait passionnée également.
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V
:)
G
un coup de coeur pour moi
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V
je ne suis pas allée jusqu'au coup de cœur parce que j'ai déjà lu pas mal de littérature noire-africaine par le passé et certains passages me les ont remis en mémoire...
M
Je suis en pleine lecture... absorbée... ;)
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V
ah, bientôt ton billet alors !
M
Partout je ne vois que des louanges, sans compter le succès critique et public du livre. Et pourtant, je ne veux pas le lire, ce n'est pas ce que je cherche en littérature.
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V
tu peux toujours essayer...
P
J'ai beaucoup aimé ce roman (l'histoire). La langue ne m'a pas autant emballée que cela, même si certains passages sont, comme tu le dis, magnifiques et tombent à pic.
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V
le style est simple.
L
Ce roman mérite pleinement son succès, d'autant que l'auteur est vraiment adorable !
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V
j'ai aimé ses chansons avant de lire son livre!
M
Un roman qui m'a aussi plu et beaucoup touchée!
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V
je crois qu'on peut difficilement rester insensible!
K
Pas lu, quelque chose me retient un peu. Rien ne presse.
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V
oh tu aimeras, je ne m'en inquiète nullement!
A
Ouhlala, celui-là, à force d'attendre sa disponibilité à la bib', j'ai fini par l'oublier. Heureusement que les blogueurs en reparlent de temps à autre ! Et tu confirmes que c'est un petit bijou ! Vraiment hâte de le lire !
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V
j'ai la chance d'attendre peu de temps à la bibliothèque (je ne jugerai pas mes concitoyens, n'est-ce pas...) mais je ne m'en plains pas!
N
Il m'attend toujours, j'attends que le soufflé retombe un peu et je me lance ;-)
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V
oui je comprends, mais je ne crois pas que tu seras déçue ! Bises!
M
J'ai adoré ce livre et moi aussi il m'a beaucoup touché et je suis heureuse de l'avoir lu dès le mois de septembre avant le battage médiatique inévitable lié au prix ce qui me montre bien que ce que j'ai ressenti vient du fond du coeur. Tes extraits et ton résumé me touchent encore des mois après et je sais qu'un jour je le relirai car il traversera le temps. L'écriture est magnifique et les mots bouleversants. Bises
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V
On te sent effectivement bouleversée par ce texte. J'ai été vraiment contente de savoir que des jeunes avaient lu et apprécié ce livre. Même s'il ne s'agit que d'une minorité, c'est toujours ça de pris!
N
Si tu savais comme j’ai aimé ce récit de Gaël Faye, qui se fait le témoin vivant des conséquences de l’exil. C’est mon plus grand coup de cœur de la dernière année, pour plusieurs raisons. Et je sais que j’y reviendrai un jour. J’ai senti qu’il avait écrit ce récit avec l’énergie du survivant. Le regard d’un enfant de 10 ans qui se fait témoin de la guerre qui a déchiré son pays. Une mémoire vive sur les traumatismes de son passé. Écrit avec énormément de dignité. Merci pour ce billet touchant et pour tes extraits qui le sont tout autant…
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V
oh Nad, je t'en prie. J'avoue que certains passages l'ont emporté sur le reste. Ce livre doit être un modèle, un témoignage à garder dans un précieux coin de sa tête.
C
J'ai trop vu ce livre partout pour réellement m'y intéresser. Dans quelques années peut-être.
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V
je te dirais bien de ne pas attendre si longtemps parce que le sujet reste d'actualité, avec tous les enseignements qu'on peut en tirer.
E
Un livre qu'on a beaucoup vu partout, j'y viendrai certainement un jour...
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C
Hum, hum... arf, je sais pas :/
V
oh oui, ne l'oublie pas parce qu'il mérite son succès et il vaut vraiment le détour, ne serait-ce que pour ne pas oublier...
A
beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une découverte et un enchantement. au plaisir
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V
merci beaucoup ! Au plaisir de se lire:)

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