Martino est en prison, il a été condamné pour meurtre, vingt ans plus tôt. Il voulait tuer sa femme le trompant avec son amant mais il s’est trompé de couple et a tué les mauvaises personnes… S’étant bien tenu en prison, tout ce temps, il a le droit de sortir. Oui mais Martino n’a qu’une idée en tête : tuer (enfin !) sa femme et son amant qui est toujours son compagnon. Il veut les éliminer mais aussi dégommer toute leur famille, les Verron. Il découvre, écœuré, que les Verron sont une tribu de petits malfaiteurs : malpropres, voleurs, ivrognes, incultes, ils vivent nombreux dans une sorte d’immense bric-à-brac digne de la cour des Miracles. Cette vision ne fait qu’attiser le désir de vengeance de Martino qui va commencer par leur pourrir la vie : traficoter leurs chaises, leur voiture, leurs portes…
Ce qui est drôle d’abord, c’est qu’on s’attache très vite à ce criminel de Martino qui – le pauvre ! - n’a pas réussi à tuer sa femme vingt ans plus tôt. Quand on découvre qui est la famille Verron, on a encore plus envie qu’il réussisse son coup ! Bien sûr, chez Rabaté, le récit est rarement linéaire et dénué de surprises. La fin est étonnante, les rebondissements se suivent avec une fluidité délicieuse. Les Verron ne se laissent pas faire, sachez-le ! Une anecdote qui pourrait être l’acmé de la BD : les hommes de la famille ont prévu de voler un camion frigorifique et, de nuit, d’aller tuer quelques bœufs, de les dépecer pour en revendre la viande. Ils ont quand même apporté « un plan de vache. Il y a l’emplacement des morceaux et leur prix. » Les couteaux coupent mal : « On fera du haché, c’est pas grave. » Pour vous convaincre dois-je encore vous parler de cette très belle ouverture ? Martino, avec d’autres détenus, confectionne, en prison, des couronnes mortuaires marquées des « Regrets éternels ». Ça donne le ton !
J’ai vraiment passé un excellent moment, la BD est un long récit rassasiant où la tension monte monte monte, où les scélérats se ramassent à la pelle, où la morale est une donnée inconnue. Belle découverte.
D'autres Rabaté que j'ai aimés : Crève Saucisse, La Marie Plastique, Le Petit rien tout neuf avec un ventre jaune.
17/20