Ce livre est un récit de voyage. Un voyage un peu particulier puisque Milan, un Allemand de 27 ans et Muammer, un Alsacien d’origine turque, ont décidé de suivre les traces de Jules Verne en faisant le tour du monde en 80 jours mais sans débourser un centime !
Le départ s’est fait au pied de la tour Eiffel. Les deux hommes sont arrivés à Strasbourg en stop avant de rejoindre l’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie, la Roumanie puis Istanbul. Si la Turquie a d’abord été le pays des désillusions puisqu’on leur a volé une partie de leur équipement (caméra, objectifs, batteries), il a aussi occasionné quelques émerveillements : un réveil à la mosquée Kocatepe à Ankara, un voyage en montgolfière au-dessus du parc national de Göreme. Une des craintes de Muammer et de Milan, c’était l’Iran et pourtant, la traversée du pays a brisé quelques stéréotypes européens, notamment concernant le statut de la femme. Une rencontre, celle d’un derviche soufiste a marqué les deux hommes.
Au Pakistan, le trajet s’est fait sous escorte militaire et l’arrivée en Inde a donc été perçue comme une libération, prolongée, pour Muammer, par une plongée rituelle dans le Gange. Des villes dont le nom fait rêver ont suivi : Bangkok, Kuala Lumpur, Singapour… les aventuriers ont ensuite rejoint San Francisco grâce à un billet d’avion offert. La longue traversée des Etats-Unis s’est faite en train via Denver, Chicago, Washington, avant de parvenir à New York, périple couronné par une visite insolite de l’ONU. Un vol offert leur a permis de se rendre à Marrakech et, c’est en passant par l’Espagne que les deux hommes ont rejoint la France avec un retour triomphal à la Tout Eiffel (et un dîner avec Antoine de Maximy – concepteur et réalisateur de l’émission « J’irai dormir chez vous »). La mission a été largement accomplie : pas un sou n’a été dépensé de leur poche, 47 000 kms et 19 pays ont été parcourus !
Ce livre n’est, bien sûr, pas à évaluer d'un point de vue littéraire, j’ai d’ailleurs même eu peur au début qu’un côté redondant me lasse (ils font du stop, personne ne s’arrête, découragement, puis victoire, ils tombent sur une bonne âme, etc.) mais petit à petit, c’est la magie du voyage et du dépaysement qui l’a emporté. Ces deux hommes sont tombés, la plupart du temps, sur des gens extraordinaires qui n’ont pas hésité longtemps à leur offrir un repas, une pièce de leur maison, une douche, des cadeaux en tout genre, des billets de train ou d’avion. Ils le relèvent eux-mêmes à la fin du livre, ils sont blancs, ils étaient bien organisés, ils ont le contact facile mais sincèrement, je ne crois pas que je ferais confiance à un inconnu de cette manière. Leur démarche a justement été de prouver que le bien et la générosité régnaient sur toute la planète parmi les pauvres et parmi les riches. Ils ont su démontrer aussi que certains clichés pouvaient être réduits en miettes. Ils ont, certes, dû essuyer de nombreux refus, ont entendu des injures et des insultes, ont connu la faim et la fatigue mais de manière si épisodique que je suis ressortie admirative de cette lecture qui donne surtout une seule envie : voyager et rencontrer l’autre…
A souligner : le livre a été écrit par Gaëlle Noémie Jan, une jeune femme rencontrée dans le train, aux Etats-Unis. Muammer et Milan font partie de l’association Optimistic traveler dont le site est ici.
Ce genre de lecture, de temps en temps, me convient finalement parfaitement !
« l’égalité est la plus belle des valeurs » (parole d’un Kurde)