Pourquoi ai-je tant attendu pour me replonger dans un bon gros William Boyd ?
Adam Kindred, climatologue américain en voyage à Londres, discute un petit bout de temps avec un monsieur bien sympathique dans un restaurant italien. Ce même monsieur oublie un de ses dossiers, Adam le rattrape dans son appartement où ce cher Monsieur Wang agonise, un poignard dans le ventre. C’est en tentant de retirer ledit poignard qu’Adam met involontairement fin aux jours de Philip Wang. Ne sachant que faire, il fuit avant de comprendre l’ampleur de sa bêtise : c’est bien lui qu’on va accuser du meurtre ! Par un malheureux concours de circonstances, Adam se fait voler ses papiers et les sous qui lui restaient. Il devient un clochard, il tente de survivre via le système D. Des rencontres heureuses ou malheureuses vont faire de lui un autre homme. En parallèle, on suit le parcours du type qui a tué Wang et qui veut désormais supprimer Adam, mais aussi celui de la jeune et jolie flic, Rita, et encore celui du richissime homme d’affaires Ingram Fryzer. Si on a tué Philip Wang, c’est qu’il avait trouvé le moyen de contrôler l’asthme chronique, traitement finalement pas si miraculeux qu’il n’y paraît…
Ce roman roboratif est un pur délice ! Passionnant, il peut se faire l’ennemi de la déprime, de l’ennui, d’une panne de lecture, des soucis du quotidien. Les personnages sont tous parfaitement convaincants, à commencer par ce cher Adam auquel on s’attache très vite. Il change de nom, de métier, de visage, de combines pour pouvoir survivre, on le plaint et on l’admire à la fois. Il y a aussi Mhouse, une prostituée qui héberge un temps Adam et son petit garçon Ly-on que sa mère bourre de somnifères pour pouvoir aller « travailler » tranquillement. Jonjo, c’est le meurtrier, le gros dur qui veut choper Adam, il lui court après, le frôle un instant puis le voit filer encore… La Tamise en voit passer des escrocs et des paumés dans ce thriller original qui est aussi une satire de la société londonienne du XXIème siècle, et pourtant, le roman parvient à garder une certaine joie de vivre, une envie d’aller de l’avant. Une bien sympathique lecture !
« Adam se réveilla à l’aube. Au-dessus de lui, les mouettes déchiraient l’air de leurs cris répétés, volant bas, piquant agressivement du bec, et, un court instant, il songea : ah oui, bien sûr je rêve, rien de tout ça n’est arrivé. Mais le froid dans ses jambes, l’impression générale d’humidité et les démangeaisons de crasse l’obligèrent à se rappeler la dangereuse situation dans laquelle il se trouvait. »