Le scénariste de cette BD nous en informe dans sa préface : l’arrière-plan de cette BD nous renvoie à la dictature argentine des années 70 et 80 mais le récit reste une fiction.
Fils d’un colonel dictateur et tortionnaire désormais mort, Elvio Guastavino vit dans une Argentine plus démocratique (même si ce n’est pas encore ça…). Fonctionnaire travaillant dix heures par jour, il vit seul avec sa vieille mère qu’il nourrit à peine dans un bouge peu ragoûtant. S’il néglige tant sa mère, c’est parce qu’il économise pour s’acheter la poupée de ses rêves qu’il a baptisée Luisita et qu’un antiquaire garde précieusement dans sa vitrine. Il fantasme sur cette poupée qui devient son unique centre d’intérêt, son seul objectif d’une vie détruite dès la petite enfance. Le jour où il apprend que « sa » poupée a été vendue à une petite fille de riche, il met tout en œuvre pour la récupérer.
Cet album n’est vraiment pas à mettre entre toutes les mains ! Les dessins m’ont tout de suite déstabilisée, cet Elvio avec ses yeux globuleux derrière ses culs de bouteille n’inspire déjà pas confiance. Mais quand le scénariste nous fait entrer dans son monde bâti sur ses hallucinations, ses délires sexuels et fétichistes, ses souvenirs terrifiants, ça fait franchement froid dans le dos ! Et pourtant ça fonctionne, je n’ai pas lâché cet album à l’univers sordide, malsain et effrayant ! D’une efficacité redoutable, il donne une nausée à peine calmée à la fin de la lecture et rivalise avec les plus abominables Stephen King. Ce n’est pas forcément ma tasse de thé mais les auteurs ont bien fait leur boulot, il faut le reconnaître !
« 15/20 »