Qui m’avait conseillé cet auteur ? Impossible à dire, toujours est-il que je suis tombée sur ce petit livre pas inintéressant.
Dans la profonde campagne québécoise, Clara naît mais sa mère meurt aussitôt. Voilà qu’Aurélien, le père, paysan rustre et solitaire, cache sa fille, l’emmène partout dans la forêt, dans la campagne, mais ne la laisse pas côtoyer l’espèce humaine. Jusqu’au jour où l’institutrice du village qu’on appelle « Mademoiselle » se met en tête d’instruire cette petite fille de dix ans qui ne sait ni lire ni écrire. L’élève sera si douée que Mademoiselle va s’attacher à elle comme à sa propre enfant et, sur son lit de mort, tout lui léguer. On retrouve Clara quelques années plus tard en train d’épier un lieutenant venu de Londres et traumatisé par l’enfer de la guerre. Ces deux êtres différents issus de deux mondes clairement distincts vont s’apprivoiser l’un l’autre.
Ce très court récit (que je classe parmi mes lectures de nouvelles) s’apparente à une fable. Anne Hébert utilise un langage simple, parfois poétique et musical, pour mettre en lumière une enfant puis une femme qui pourrait être une cousine de « l’enfant sauvage »… Ou quand la civilisation n’a pas abîmé l’homme… J’ai beaucoup aimé cette lecture et ça m’a donné envie d’en connaître plus sur cet illustre auteur.
« Clara grandissait dans le silence du père et les voix de la campagne. Bien avant toute parole humaine, la petite fille sut gazouiller, caqueter, ronronner, roucouler, meugler, aboyer et glapir. Son imitation du grand duc, une fois la brunante tombée, était si juste que le sang des souris des champs se glaçait dans leurs veines de souris. »