Magali et Delphine sont sœurs mais ne se ressemblent en rien. La première est belle, vive, charismatique, la seconde est terne, lâche, sans caractère. Elles ont pourtant un point commun, un être de liaison très important : leur grand-mère, Madeleine, une femme fantasque, indisciplinée et jeune malgré ses 77 ans. Delphine s’est sentie obligée de placer son aïeule en maison de retraite mais mise à part Fatoumata, chargée de l’entretien de la chambre et de l’entretien … des personnes âgées, Mado déteste cet endroit et ses employés. Il reste une solution miracle qui va s’offrir à elle sur un plateau d’argent : ses vieux copains, Jacky et Ferdinand… vont la kidnapper ! Avec la maladresse de leur grand âge mais grâce à leur humour et leur caractère bien trempé, ils vont emmener Madeleine sur l’île d’Yeu. Là va commencer une nouvelle vie, là aussi, tout sera possible, les trois vieux vont prendre Franklin sous leurs grandes ailes, le fils de Fatoumata, ils vont picoler, jurer, s’engueuler, s’extasier… vivre, tout simplement, vivre encore un peu.
J’ai adoré ce roman au style pêchu et intelligent ! Piques, jeux de mots et critiques de la société actuelle (racisme, maltraitance des vieux) cohabitent avec grand bonheur. C’est chez Yv que j’ai pioché cette très très bonne idée de lecture, avant de me rendre compte que je connaissais vaguement Agnès Bihl pour ses chansons (voir son site). Elle est une copine de Guy Bedos, ça pourra vous aider à la situer… dernier argument qui devrait en toucher plus d’un : j’ai vraiment senti une proximité entre l’incandescence de ce texte et la verve de Lupano dans Les Vieux fourneaux ! C’est délicieux, on se marre, on en redemande !
Merci à Yv !
- Jacky a passé une petite annonce pour ne plus être seul :
Elle : « Indubitablement, vous avez très bien fait de marquer sur l’annonce que vous êtes bel homme. »
Lui : « Oui. Je le précise toujours car ça ne se voit pas forcément d’emblée. »
- Delphine et Jean-Christophe ne s’aiment plus : « De vie commune en vie banale, on perd des plumes, on se fait mal… un jour on se mange des yeux. Et puis, finalement, on se bouffe le nez. C’est peut-être normal, c’est même assez logique : passés les grands-soirs-espoir, il ne reste souvent que les petits matins-chagrin ; lendemains qui déchantent. Et saloperie de réveil. On a beau se débattre, c’est comme ça et pas autrement. Dans le meilleur des cas, le bonheur est en CDD, parfois intérimaire. Mais toujours de courte durée. »
- "Le monde appartient à ceux dont les employés se lèvent tôt."