C’est vraiment parce qu’on m’a dit beaucoup de bien de ce livre que je l’ai lu… je ne suis pas une adepte des récits post-catastrophe (j'ai, par exemple, détesté D'autres vies que la mienne de Carrère) mais pour celui-ci, c’est différent.
Nous sommes en mars 2011, un séisme d’une magnitude de 9,0 et un tsunami dévastateur ont provoqué la mort de plus de 18000 personnes et ont ravagé un Japon alors en deuil. Qu’a-t-on fait ce jour de grande tragédie dans le reste du monde? En nous emmenant en mer du Nord, aux Bahamas, à Jérusalem, à Rome, au large de la Somalie ou encore à Paris, l’auteur nous fait voir un petit morceau de vie de gens touchés de près par la catastrophe, de loin, ou pas du tout. D’après moi, ce séisme n’était qu’un prétexte à ce tour du monde … et pourtant, il est vrai que lorsqu’une tragédie frappe un endroit même lointain, le monde vibre, on ressent quelque chose de particulier, on se sent plus humain, peut-être plus solidaire et il me semble que Mauvignier a voulu rendre hommage à ce fil si ténu qui nous relie tous, en tant qu’êtres humains. Qu’on soit bon ou mauvais, qu’on soit Blanc ou Noir, qu’on soit riche ou pauvre, ambitieux ou sans tempérament, gay ou hétéro, courageux ou lâche, on vit dans la même maison, cette Terre où il nous faut cohabiter, tant bien que mal. Quand certains dorment, d’autres se déchirent, s’aiment ou meurent. La brièveté des textes rend cette simultanéité, cette diversité, presque palpable, et tout à fait passionnante.
On aurait pu aussi parler d’un recueil de nouvelles ; une petite transition permet cependant d’unir les quatorze histoires si différentes, longues ou courtes, et la lecture devient fluide, d’une fluidité très agréable. Dans une même phrase, on passe d’une rue moscovite à un hôtel de luxe à Dubaï, d’un avion en direction des chutes du Niagara à un safari africain.
J’ai beaucoup aimé ce livre, ce style intense et sans concession, ce tour du monde en 372 pages. Le souffle de l’écriture n’est pas celui d’une tempête mais il m’a suffisamment convaincue pour que j’aille lire une deuxième fois, au moins, ce Mauvignier qui plaît tant à certains…
« Ils ont envie de déconnade et de légèreté pour soulever leur quotidien, parce qu’ils ont compris que seuls les poids plumes arrivent à soulever des montagnes. »