Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
15 février 2015 7 15 /02 /février /2015 11:51

 

              Je poursuis mon chemin dans l’univers du théâtre avec cette magnifique réécriture du mythe œdipien.

               C’est une « Voix » qui introduit l’acte I, elle résume l’histoire d’Œdipe, de sa naissance jusqu’à son errance. Dans ce premier acte, il n’est point question d’Œdipe mais surtout de Laïus. Nous sommes sur les remparts de Thèbes, le fantôme de Laïus apparaît régulièrement à deux soldats. La reine Jocaste veut en savoir plus, veut elle aussi voir son défunt mari mais Tirésias, le devin aveugle l’en empêche et, de toute manière, elle est incapable d’apercevoir ou d’entendre le fantôme qui veut la prévenir du danger qui la guette.

              Le deuxième acte est consacré à la rencontre entre Œdipe qui vient de fuir ceux qu’il croit être ses parents et le Sphinx accompagné d’Anubis, le dieu à tête de chacal, le plus lucide des trois. Ce Sphinx a l’apparence d’une jolie jeune femme et un jeu de séduction s’amorce entre les deux êtres à tel point que le Sphinx donne la réponse à l’énigme posée, souhaitant sauver Œdipe. Et c’est un Œdipe fat et arrogant qui se considère comme un héros, persuadé d’échapper à ce destin tragique, qui s’en va, fier, portant le Sphinx sur son épaule comme Hercule le faisait avec son lion.

             L’acte III nous emmène dans le lit nuptial d’Œdipe et de Jocaste. Chacun lutte pour ne pas s’endormir, chacun est hanté par son cauchemar bien à soi, chacun se complaît dans une relation tellement maternelle… les remarques de Tirésias n’atteignent ni l’un, ni l’autre.

             C’est dix-ans plus tard, dans l’acte IV, que nous retrouvons nos héros tragiques : Jocaste est la première à tout comprendre, les circonstances du meurtre de Laïus créent le lien avec Œdipe, et c’est Tirésias l’aveugle qui ouvre les yeux d’Œdipe : « Vous avez assassiné l’époux de Jocaste, Œdipe, le roi Laïus. Je le savais de longue date, et vous mentez : ni à vous, ni à elle, ni à Créon, ni à personne je ne l’ai dit. Voilà comment vous reconnaissez mon silence. »  Les révélations s’enchaînent rapidement, le titre de la pièce prend tout son sens, Antigone affirme avec entêtement son envie de suivre son père désormais aveugle et le fantôme de Jocaste plane sur le départ lent et titubant d’Œdipe.

                Ce mythe modernisé garde son essence tragique tout en y intégrant une dimension fantastique avec les fantômes de Laïus et de Jocaste mais aussi une dimension comique basée sur la répétition : cette écharpe qui agace tant Jocaste finira par la tuer au sens propre, les allusions incessantes de Jocaste sur l’amour d’une mère et d’un fils, les moqueries dont Tirésias est victime (Jocaste le surnomme « Zizi » !). J’avais lu cette pièce il y a très longtemps, je l’ai retrouvée avec bonheur, la lecture est fluide et à mettre entre toutes les mains…

 

« ŒDIPE : J’ai tué celui qu’il ne fallait pas. J’ai épousé celle qu’il ne fallait pas. J’ai perpétré ce qu’il ne fallait pas. La lumière est faite... »

 

« JOCASTE : Les petits garçons disent tous : Je veux devenir un homme pour me marier avec maman." Ce n'est pas si bête, Tirésias. Est-il plus doux ménage, ménage plus doux et plus cruel, ménage plus fier de soi, que ce couple d'un fils et d'une mère jeune ? »

 

Et je participe au challenge d’Eimelle !

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

S
Je l'ai lu aussi il y a longtemps mais je ne m'en rappelle plus du tout. Si mes souvenirs sont bons, je l'avais même étudié.
Répondre
C
Tu sais être convaincante !
Répondre
V
merci :)
E
une pièce qui est depuis longtemps dans ma PAL, il faudrait bien que je la sorte!
Répondre
V
je connais ça aussi, les pièces qui dorment dans la PAL... :)
A
Une pièce que je n'ai toujours pas lu. Mais il est vrai que je préfère les tableaux de Cocteau à ses oeuvres écrites.
Répondre
V
j'aime tout de lui !