Petit livre dont le titre est assez explicite. Jean-Louis Fournier répertorie tout ce qui l’énerve, ce qui le contrarie et l’agace au quotidien. Ça va des pigeons au soleil en passant par les poubelles à roulettes et les accordéonistes du métro. C’est drôle, souvent sarcastique. On se retrouve facilement dans certains de ses dires même si on peut regretter le refrain un peu trop lancinant du « C’était mieux avant ». Nostalgie mise à part, on constate très vite que l’auteur est allergique au bruit car il évoque souvent la « pollution sonore », créée par les poubelles à roulettes (« L’ingénieur qui a conçu la poubelle à roulettes a dû se poser la question suivante : comment faire le plus de bruit possible avec une poubelle ? Il a utilisé la poubelle comme une caisse de résonnance. Fallait y penser, il y a pensé »), par les aspirateurs de feuilles mortes (et les balayeurs qui «se prennent pour Supercopter ») ou encore par la voisine qui passe son karcher à longueur de journée.
Certains passages sont très drôles et très justes, notamment celui qui évoque les précautions prônées par le Ministre de la Santé : « L’été, quand il fait très chaud, vous nous dites qu’il faut boire des boissons fraîches, nous mettre à l’ombre, utiliser un ventilateur, surtout quand on est vieux. C’est gentil, Monsieur le ministre, de penser aux vieux, parce que quand on est vieux, on ne pense plus et on serait bien capable de se mettre torse nu au soleil, quand il fait 50 degrés. Vous devriez aussi, Monsieur le ministre, prévenir les vieux quand il pleut, qu’ils ne sortent pas parce qu’ils vont être mouillés, ou alors qu’ils mettent un imperméable et prennent un parapluie, des choses auxquelles on ne penserait pas quand on est vieux. Parce que, quand on est vieux, on ne pense plus. »
Toujours au Ministre de la santé : « Tous les jours, j’entends à la radio des campagnes de dépistage, des statistiques effrayantes. Il faut que j’aille faire des examens, des analyses, des scanners. Il faut que j’en parle à mon médecin, à mon pharmacien, sinon… Sinon, quoi ? Je vais mourir ? Pour ne rien vous cacher, je m’en doutais un peu, c’est une tradition dans la famille. Mon arrière-grand-père est mort, mon grand-père est mort, mon père est mort, je crois que c’est héréditaire. Actuellement, vous me proposez un dépistage du cancer colorectal. Vous m’en parlez tous les jours à la radio. J’ai, comme tout le monde, une peur panique du cancer. Je crains tous les cancers. Le colorectal, c’est un nouveau, je n’y pensais pas. Maintenant, grâce à vous, j’y pense. Ça me fait une nouvelle inquiétude. »
Même si j’ai aimé ce très court livre, je me permets de rajouter mon petit grain de sel : quand on ouvre un bouquin, qu’on le termine en vingt minutes et qu’on a l’impression d’en n’avoir lu qu’un seul chapitre tellement ledit livre est court… ça m’agace !