Les deux auteurs évoquent si souvent ce titre dans Le retour à la terre que j’ai sauté sur cet album au tout petit format à peine l’avais-je entraperçu…
Le personnage principal est un dessinateur au gros nez (on se demande bien qui il peut représenter…) qui se rend chez son Maître, un moine bouddhiste, un guide spirituel qui a pour tâche de critiquer ses dessins mais aussi, de manière plus large, de lui prodiguer des enseignements sur la vie. En arrivant, le dessinateur surprend le Sage en train de monter un banc Ikéa, il lui donne un coup de main, les deux ont du mal à s’en sortir… d’où l’admirable jeu de mots du titre. La plupart des planches sont constituées d’un dessin en noir et blanc de Celui-qui-a-encore-tant-à-apprendre, surnommé Demi-Lune, accompagné d’une remarque de Celui-qui-sait-tout.
Comme dans Le retour à la terre, les deux artistes exploitent la carte de l’auto-dérision. Le dessinateur est un être qui doute, qui se met facilement en colère, qui griffonne et parfois gribouille. L’humour toujours présent, donne à ce petit album carré (Jérôme me donnera-t-il le nom de ce format ^^?) une fraîcheur et une légèreté qui font un bien fou.
Deux petits extraits pour vous donner l’eau à la bouche :
- Celui-ci est très étrange !
- Je l’ai intitulé « Le chien qui boîte », Maître…
- Il boîte et n’a pas d’oreilles…
- Ah oui, tiens…
- Ce chien n’est –il pas pareil à l’être humain qui croit boiter alors qu’en réalité il est sourd ?
- Oui Maître.
- Pourquoi cherches-tu à enfermer tes peintures dans des cases, Demi-Lune ?
- Je ne sais pas, Maître… Tout petit déjà, je lisais « Les tuniques bleues » et c’était dessiné dans des cases.
- Ton trait doit ressembler au torrent de montagne qui dévale les pentes sans obstacle.
- Ben oui … Mais les cases, c’est important, ça, en B.D., les cases…
- Les cases sont des petites maisons en bambou qui empêchent le vent harmonieux de souffler sur ta page.
- Moi je veux bien, mais sans cases, les gens vont pas comprendre…
- Ton besoin de dessiner dans des cases est illusoire et correspond à la peur que tu éprouves à laisser parler en toi le Grand Tout…
19/20