Une famille, en apparence ordinaire, vient passer, comme tous les ans, l’été dans un petit village de la côte norvégienne. Siri, la mère, gère deux restaurants. Elle a un passé lourd puis qu’elle a assisté à la mort de son petit frère, lorsqu’elle n’était qu’une enfant. Cette mort, sa mère Jenny, une vieille dame extravagante, lui reproche toujours implicitement. Et Siri fait tout pour lui faire plaisir jusqu’à organiser une grande fête pour ses soixante-quinze ans dont l’aïeule ne veut pas.
Jon, le père, est veule, lâche et menteur. Ecrivain, il peine à écrire le troisième tome de sa trilogie. Il trouve, par contre, du temps pour tromper son épouse avec des femmes qu’il ne désire pas vraiment. Jon et Siri ont deux filles, Liv, la petite dernière toujours enjouée et Alma, une jeune adolescente au comportement étrange et décalé. Tout bascule lorsque Siri fait appel à la belle Mille pour garder les filles tout l’été. La jeune femme, arrivée d’Oslo, se démarque par sa « beauté lunaire ». Le soir de l’anniversaire de Jenny, elle disparaît pour ne jamais revenir. Un petit garçon la retrouvera enterrée deux ans plus tard.
Ça aurait pu être un thriller, ça n’en est pas un. Un roman psychologique ? Un drame familial ? Pas tellement non plus. Ce flou littéraire peut être considéré comme un point faible mais aussi comme un point fort. Moi j’ai apprécié cette subtilité des genres. J’ai aimé suivre cette famille à la fois banale et particulière. Des malheurs croisés à des faiblesses humaines et un décor vraiment bien planté créent une tension qui rend cette lecture prenante et agréable. Il est question d’infidélité, de pardon, de tyrannie des apparences mais aussi d’une réflexion sur l’écriture. La grosse ombre au tableau, c’est la traduction qui m’a paru bien mauvaise (le titre le prouve !). Dommage.
Linn Ullmann est la fille du cinéaste Ingmar Bergman.
« crois-tu que les choses soient ainsi faites, […] qu’on écrive pour devenir un autre, et devenir un autre, est-ce la même chose que se fuir soi-même, ou cela peut-il aussi signifier quelque chose de plus ? Cela peut-il aussi s’entendre comme la nécessité de sortir de soi pour entrer dans un autre, vivre avec l’autre, respirer avec l’autre ? Si, par exemple, je marche sur un éclat de verre, peux-tu sentir combien c’est douloureux, le sentir dans ton pied, et l’écrire de façon à ce que tous ceux qui lisent le sentent, eux aussi »