Une amie, grande sportive, m’a conseillé ce livre, une biographie romancée, sachant que je pratique la course à pied de plus en plus régulièrement et avec plus en plus de plaisir.
En 1945, Emile Zatopek a commencé sa vie d’adulte à fabriquer des chaussures de tennis dans l’usine Bata, à Zlin, en Tchécoslovaquie. Alors que les Allemands nazis envahissent la ville, la Wehrmacht organise une course opposant des Allemands sportifs et en grande forme et des Tchèques maigrichons et affaiblis par les restrictions. Emile, même s’il a « horreur du sport », suit le mouvement parce qu’il est discipliné. Il finit deuxième, sans vraiment avoir cherché à être bon. Les copains lui demandent de participer à d’autres courses, il accepte pour leur faire plaisir. Ses performances s’améliorent mais il court de manière anarchique, comme il le sent, il fonce, court très vite sans réfléchir. Rapidement (c’est le cas de le dire !), il devient le meilleur de son pays. Quand les autorités politiques l’y autorisent, il franchit les frontières et gagne, gagne, gagne. Trois fois champion du monde, il arrive premier quatre fois aux Jeux Olympiques de Londres en 1948 puis d’Helsinki en 1952. Son exploit, jamais égalé, est d’avoir remporté successivement le 10 000 mètres, le 5 000 mères et le marathon à Helsinki.
L’itinéraire de ce vainqueur est décrit avec humilité et simplicité. L’athlète n’a jamais joué la star, on lui a reproché d’avoir un style peu esthétique, il fait des grimaces en courant, progresse de « façon lourde, heurtée, torturée, tout en à-coups ». Il souffre mais il aime ça. Il ne cherche pas la gloire mais le dépassement de lui-même. Un bel exemple mis en valeur par l’écriture sans fioritures de Jean Echenoz qui sait attraper le lecteur dès la première page. J’ai beaucoup aimé !
A ses débuts : « Au bout de quelques semaines voici même qu’il se met à courir seul, pour son propre plaisir, ce qui l’étonne lui-même et il aime mieux ne pas en parler à qui que ce soit. La nuit tombée, quand personne ne peut le voir, il faut aussi vite que possible l’aller-retour entre l’usine et la forêt. »
« Il veut toujours savoir jusqu’où. »